En savoir plus sur le Prieuré Saint Thomas
11ème siècle : sur les bords de la rivière de la Guesle (qui portait le nom de Tahu), se trouvait le monastère de la Trinité de Seincourt dépendant de la paroisse de Hanches. Amaury de Montfort, seigneur d’Epernon, en fit don à son ami Albert, ancien moine de Chartres et abbé de Marmoutier. Celui-ci fonda à Seincourt, un prieuré bénédictin à l’invocation de Saint-Thomas. Le roi Henri 1er confirma cette fondation en 1052.
Les moines construisirent très rapidement après la fondation, l’église de la Trinité et agrandirent par la suite le vaste chœur appelé Saint Thomas.
12ième siècle : Les seigneurs de Montfort, furent inhumés dans ce prieuré jusqu’à la fondation par Bertrade de Montfort en 1112, de l’abbaye de Hautes-Bruyères (commune de Saint -Rémy-l ’Honoré) et les seigneurs d’Epernon ne furent plus inhumés au prieuré.
Les moines regrettaient amèrement la faveur que la reine Bertrade leur avait enlevée en reportant aux Hautes-Bruyères le lieu de sépulture de la famille Montfort.
Les deux monastères de Saint-Thomas et de Hautes-Bruyères ne vivaient pas toujours en bonne intelligence.


13ième siècle : En 1245, procès avec les Dames du Prieuré de Hautes- Bruyères. Celles-ci avaient à Epernon le droit de minage, c’est-à-dire le monopole de mesurage des grains de toutes natures. De leur côté les moines avaient le dixième marché et, d’après un usage ancien, se servaient des minots des religieuses pour la perception de leurs droits. En mars 1245, la prieure refusa d’en pourvoir les moines qui perdirent ainsi les profits de leur marché. Ceux-ci usèrent de représailles à la foire de Saint-André et perçurent pour leur propre compte la coutume du minage dû à Hautes-Bruyères. Pour réussir leur entreprise, ils avaient retenu de force chez elles les deux religieuses qui venaient habituellement à Epernon à l’époque des foires et emprisonné leur serviteur Raoul.
Ce fut l’objet du procès qui dura si longtemps entre les deux prieurés. Les Dames de Haute-Bruyères assignèrent les moines de Saint-Thomas en restitution des deux setiers (ancienne mesure de capacité entre 150 et 300 litres) de blé et d’avoine que ceux-ci avaient indûment perçus à la foire de Saint-André. Elles exigeaient en outre une amende de quarante livres pour les outrages qu’elles avaient subis.
Les moines de leur côté estimaient à vingt sous les droits qu’ils n’avaient pu percevoir le jour du marché qui avaient précédé la Nativité de la Vierge et réclamaient une amende de cent sous.
Après force d’incidents et de remises, l’official rejeta la demande des religieuses qui furent condamnées au frais du procès.
Le prieuré Saint Thomas est régulièrement visité par l’abbé de Marmoutier dont il dépend.
14ième siècle : En 1326, l’abbé de Marmoutier visite le Prieuré d’Epernon et le trouve en bon état ; le corps de Saint Pallade et la tête de Saint Thomas étaient dans une chasse d’argent.


Cependant le prieur forma opposition et fit valoir certaines causes qui finalement aboutir à un arrangement avec la dame de Rambouillet. Cela perdura jusqu’au 13 avril 1789, trois semaines avant l’ouverture des Etats Généraux et trois mois avant la prise de la Bastille
16ième siècle : L’église de la Trinité de Seincourt devint trop petite pour les moines qui l’agrandir en 1551 Ils séparèrent l’église en deux, se réservant la partie centrale qu’ils ferment par un grand mur et laissant toute la partie vers la rue Saint Thomas aux paroissiens du bourg. Cette partie devint l’église Saint Nicolas.
Le Seigneur de Montorgueil dont le manoir se situait dans l’enceinte de l’actuel parc du château de Rambouillet était vassal d’Amaury de Montfort. Contraint sans doute par l’exemple de son suzerain qui avait offert le prieuré aux moines de Saint Thomas, il leur avait fait lui aussi, sans doute à contrecœur, quelques donations, leur imposant toutes fois certaines obligations.
On en trouve une description détaillée dans un accord en date du 20 février 1515 entre le prieur de Saint Thomas et la dame d’Angennes de Rambouillet. Dans le texte, il est rappelé que « ledit prieur est tenu chaque année, le lendemain de Pâques, d’apporter à cheval au château de Montorgueil, à dix heures du matin, un gâteau avec un pichet de bon vin, le messager portant une couronne de pervenches sur la tête, une épée au côté, un tablier blanc et des gants neufs aux mains. Son cheval aura un chanfrein blanc et les quatre pieds blancs et il sera bien ferré sans qu’il ne lui manque ni un fer ni un clou. Si une seule de ces conditions n’est pas remplie, le Seigneur est alors en droit de reprendre à son profit toutes les dîmes perçues dans l’année sur les terres faisant l’objet de la donation et il est ajouté que même le cheval sera confisqué. »
C’est qui arriva le lundi de Pâques 1516. Il manquait « un clou au pied du devant » Le cheval est vendu aux plus offrants et les dîmes confisquées.
Cependant le prieur forma opposition et fit valoir certaines causes qui finalement aboutir à un arrangement avec la dame de Rambouillet. Cela perdura jusqu’au 13 avril 1789, trois semaines avant l’ouverture des Etats Généraux et trois mois avant la prise de la Bastille.
17ème siècle, le roi Louis XIV s’arrogea le droit d’en disposer selon son bon vouloir et d’en offrir l’usufruit et quelques bénéfices à quelques ecclésiastiques. L’abbé commanditaire vivait comme un châtelain quand il venait dans son prieuré. Les bâtiments monastiques étaient devenus un petit château. Les moines y travaillaient essentiellement pour l’abbé.


18ième siècle : La seigneurie du prieuré Saint-Thomas et le bourg en 1786 et l’inventaire des droits seigneuriaux relevant du prieuré était composé de parcelles de terres, de pâtures, de vignes, de maisons, moulins et presbytère, de jardins et luzernes, de bois, friche et clos, d’ aires et aulnaies, du prieuré Saint-Thomas, de bâtiments et granges soit 1393 entités sur une surface de 347 hectares.
A la révolution, le Prieuré Saint-Thomas devint bien national. En janvier 1791, Mme Veuve Sorin de Bonne acheta la maison du prieur construite au XVIIème siècle, le parc et l’église Saint-Thomas. Les terres furent morcelées et vendues à plusieurs propriétaires.
19ième siècle : Le prieuré fut acheté en 1827 par M. Guibal, négociant : les ruines superbes et presqu’entières de deux églises, surtout celle de Saint Thomas, de magnifiques avenues de platanes et de tilleuls, les ombrages séculaires du parc, les jardins, la pièce d’eau…en faisait une résidence très agréable. Les églises furent converties en magasins à laine et à fourrage.
A la mort de M. Guibal en 1864, les églises et une partie des bâtiments furent démolis. Ils ne restèrent que les 2 pavillons de l’entrée.
M. Klein, architecte à Paris se rendit alors acquéreur. Il entreprit des travaux de restauration. Il décéda dans cette maison en 1915.
20ième siècle : La propriété revint en suite à M. Weill, industriel à Paris puis en 1921 à M. Oscar Roditi, exportateur d’origine turque. Les époux Roditi vont entreprendre de rénover le château prieural et de l’embellir en y ajoutant de superbes boiseries et de belles cheminées sculptées ainsi que le rafraichissoir. Mme Roditi s’occupera surtout de créer le magnifique parc que nous connaissons aujourd’hui.
M. Roditi créa une société « Le Prieuré Saint-Thomas d’Epernon » et la Congrégation des sœurs de la Croix en devint actionnaire (elle finira par en devenir propriétaire en 1972 bénéficiant d’un transfert de propriété lors de la dissolution de la Société Civile Immobilière). Les sœurs de la congrégation s’installèrent dans ce Prieuré en 1936 et construire un noviciat dès le 1937.